Kafka – L’angoisse – Le père et ses noms –Artaud /Queneau
janvier 2012
LE SAVOIR DU PSYCHANALYSTE
Cru ôté. Thérèse Charrier.
Un mot fut dit par l’analyste puis oublié. Quelques années plus tard, il ressurgit chez l’analysante et plus rien ne fut pareil. Il y eut un avant et un après. L’interprétation – entendue à minima comme un dire de l’analyste – et le temps sont indissociables. Pour appréhender cette question du temps et de l’interprétation je vais me situer côté analysante et reprendre un morceau de mon écrit de passe….
Une petite femme pour l’homme Kafka. Véronique Sidoit
« L’homme entre loup et rat »… Kafka, avec son formidable bestiaire, cette prolifération d’animaux qui pensent, parlent, souffrent, s’est imposé à moi. En effet, il y a, dans l’œuvre de Kafka, évidemment le cloporte ou la vermine de La Métamorphose, mais aussi des souris, des rats, des taupes, des chiens, des singes et j’en oublie certainement, un ensemble d’animaux plus vivants et plus sujets que les êtres humains de la plupart de ses écrits. Cette identification de l’homme à l’animal mériterait un travail approfondi, Sophie Mendelsohn en a parlé le mois dernier, l’animal n’étant pas à prendre comme une métaphore mais comme « le lieu de réalisation d’une altérité radicale, d’une extériorité interne, » ou, pour le dire autrement « l’animal est là où une expérience du réel peut se faire en l’homme »…
Kafka non-dupe. Sophie Mendelsohn
« Assez de psychologie ! » Pourquoi, en effet, ne pas se soumettre à ce célèbre précepte du Journal de Kafka, dans l’espoir, bien freudien, que l’artiste ouvre la voie d’une connaissance autrement inaccessible, celle qui précisément excéderait les limites de la psychologie ? S’y soumettre implique pourtant d’emblée de consentir à entrer avec lui dans le labyrinthe de l’indéterminable, où être quelque part revient à être toujours simultanément ailleurs. Ainsi a-t-il pu aussi arriver à Kafka d’encourager une lecture psychologisante de son œuvre, qui serait le reflet de son monde intérieur, voire même sa traduction ; il sait pourtant qu’il est un homme de l’exclusion et de l’infini labeur …..
Traversée de l’angoisse. Nicolas Guérin
Qu’entendre par « traversée de l’angoisse » ? Il s’agira moins ici de génitif subjectif que de génitif objectif. Donc moins de la fonction et des effets de l’angoisse traversante que de l’angoisse traversée. Pour déplier cette question, je m’appuierai sur un passage de la fin du séminaire L’éthique de la psychanalyse ; passage dont je n’avais pas pris auparavant la mesure. En effet, on verra qu’il implique de nuancer, sans l’invalider, la thèse à venir de l’angoisse comme affect qui ne trompe pas
FRAGMENTS
Fragments. Takako OKADA
L’amour est réponse d’un indécis, le désir naît d’une fissure. …. je me suis trompée sur le sens du terme français « l’indicible », je ne connaissais que le mot inexprimable ». Indécis- Indicible … Dire est une décision ? Dire Dieu, c’est une prétention. Si je dis « Dieu », Dieu devient faux….
THÉORIE
Noms étrangers. Les rêves et les hiéroglyphes. Masaaki Sato
Tous les noms de personnes et de choses furent une fois étrangers au sujet, de même que sa langue maternelle lui a été une fois une langue étrangère et qu’elle sera à nouveau secouée par la psychanalyse jusqu’à ce qu’elle recouvre son étrangeté propre. Le son des noms significatifs, ou plutôt chargés de sens, doit retrouver sa place d’ambiguïté propre et être perçu en tant que son. Cela se produisit avant Freud lors du déchiffrage des hiéroglyphes par Thomas Young et Champollion…
Actualité de la querelle du phallus. Jacques Podlejski
Entre janvier 2007 et janvier 2008, la revue Psychanalyse a publié un ensemble de textes traitant du phallus et de la fonction phallique. Ces textes, l’avancée du processus de réglementation des psychothérapies en France et la publication du Manifeste pour la psychanalyse ont inspiré le présent travail. A partir d’un retour sur les thèmes traités dans ces colonnes en 2007 et 2008, celui-ci se propose d’en resituer les enjeux dans la modernité contemporaine et de les articuler avec quelques-unes des questions que les assises de l’Association de Psychanalyse Jacques Lacan mettent au cœur de leurs travaux…
LA STRUCTURE
Le Père et ses Noms. 7ème Partie.
En 1969-70, le séminaire L’envers de la psychanalyse se tient à la Faculté de droit. Disons d’emblée que ce séminaire marque un tournant dans la mesure où il introduit la catégorie de « père réel » d’une façon que nous pouvons considérer comme novatrice. Nous ne pouvons, à cette occasion, passer sous silence l’ironie du propos avec lequel Lacan parle des essais pour assembler les principales données d’une question, celle du père en l’occurrence. Cet « exercice pénible », selon lui, n’est cependant pas de nature à nous décourager et nous nous y engagerons plutôt, avec comme entame, la rectification que d’emblée pose Lacan : L’identification primaire, dit-il, se fait au père (et non à la mère), et ce parce que le père « mérite l’amour »…
EN QUESTION(S)
Le sourire du Chat de Chester. Ou doit-on parler des patients que l’on invente ? Arthur Mary
Que serait le récit fictionnel d’une rencontre clinique ? Nous partirons du double constat que nous imposons des transformations lorsque nous parlons d’un patient (pratiques d’anonymisation) ; et que nous ne saurions qu’être subjectifs dans la production du récit d’une rencontre. Est-il possible alors d’inventer de toute pièce un sujet autre que soi sans pour autant tomber dans une construction seulement imaginaire ? Ces réflexions pourraient renouveler notre façon de parler de patients que l’on n’invente pas.
Mots-clés : Fiction, éthique, anonymisation, récit clinique
PAS DE PORTE
Ce n’est pas ça. Lorena Escuredo
Orientée par la psychanalyse, j’interviens en tant que psychologue dans un service de médecine hospitalière. Dans l’institution, il y a un appel qui retentit constamment, mêlé de questions, de nouages, d’accrocs, de répétitions et de frustration ; cet appel c’est la demande ou les demandes et je vais m’intéresser à celles que je reçois. Elles sont au centre des discours institutionnels et sont presque comme des petits objets volants que je vois et que j’entends circuler entre les uns et les autres. Puisque le patient vient à l’hôpital pour soigner une maladie somatique, sa demande initiale est faite au médecin. C’est une demande de guérison …
INÉDIT
Une lettre d’Antonin Artaud à Raymond Queneau. Serge Malausséna
Lorsque le 1er février 1945 Antonin Artaud écrit cette lettre à Raymond Queneau, lettre restée à ce jour inédite, il est interné à l’hôpital psychiatrique de Rodez depuis février 1943. Le Dr Ferdière le libérera en mai 1946. Son enfermement dans les asiles aura duré 9 ans…