PSYCHANALYSE YETU n° 55 – VOILE et RATURE, mars 2025
Pourquoi ne pas considérer le voile et la rature comme des « concepts fondamentaux » de la psychanalyse ? Freud, dans L’homme aux loups, a élevé le voile au rang de question nodale dans la cure de Serguei Pankeiff. Ce voile séparait son analysant du monde, et ne se déchirait que ponctuellement quand, suite à un lavement, les selles passaient l’anus. L’interprétation de Freud ne manque pas d’audace, mais ne pourrait-on penser que, durant sa longue vie, l’Homme aux loups n’a cessé de vouloir ne plus être « né coiffé » par la fortune parentale ? Peut-être une « rature » lui faisait-elle défaut, celle « d’aucune trace d’avant » que Lacan promeut dans « Lituraterre », en 1971. À savoir une rature qui, telle le trait du calligramme, est première, la trace n’étant jamais que seconde, contrairement au dogme de la psychologie génétique, qui induit encore en erreur.
Pierre Bruno