PSYCHANALYSE N° 22

L’interprétation. Le père et ses noms 

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 septembre 2011

THÉORIE

Les dessous de l’interprétation Pierre Bruno

J’aurais pu dire les dessus-dessous de l’interprétation, dans la mesure où ce que nous dénommons « interprétation » en psychanalyse ne peut pas ne pas être sans relation avec la topologie du nœud borroméen, développée par Lacan à partir du séminaire Encore, en 1973. J’ai cependant gardé le titre initial pour ne pas affaiblir l’équivoque « dessous », qui évoque en français la lingerie féminine. Pour…

Le souvenir déchiré Patricia León

Le cas de l’homme aux loups rend raison de façon exemplaire de ces va-et-vient de Freud entre souvenir, rêve et remémoration. Je vais tenter ici de mettre en relief l’importance de ces oppositions qui permettent à Freud non seulement d’établir la complexité, selon ses propres mots, entre un ordre historique (histoire de la maladie) et un ordre pragmatique (histoire du traitement), mais principalement…

L’autisme à la lumière de l’interprétation des rêves Marie-Jean Sauret

Vincent est le prénom choisi par Alain Lacombe pour parler d’un adolescent autiste. Cet adolescent parcourait les voies de l’institution, s’arrêtait pour des motifs insaisissables ici ou là, engloutissait les objets qu’il ramassait. Fernand Deligny a qualifié les parcours de ce type de « lignes d’erre » : « Cette ligne dont il s’agit de rechercher l’écriture, avance-t-il, elle est d’erre. Elle nous…

Entre morsure et regard Isabelle Morin

Les loups et les rats ont en commun de mordre, de dévorer, de ronger, de mordiller, voire de fouiner, ils cherchent la chair. Il s’agit non seulement de morsure mais du regard. Rats et loups fixent leurs proies et les laissent suspendues à l’angoisse, leurs cris annonçant le pire. Le regard est tout autant primordial, il y a, chez l’homme aux rats, une affinité entre ces objets de la demande et ceux…

Héritage et transmission du désir Massimo Recalcati

Deux grands films de Clint Eastwood récemment parus, Million Dollar Baby (2005) et Gran Torino (2009), nous permettent d’aborder de près la question de la transmission du désir à l’époque de « l’évaporation » du père. Nous avons beaucoup insisté là-dessus : ce qui reste du père dans le temps du déclin de sa fonction symbolique est la possibilité d’un témoignage incarné de ce qui signifie vivre éthiquement…

« Lâche définitivement » ? Élisabeth Rigal

Cette expression qui fait notre titre est de Louis-Ferdinand Céline. C’était une affirmation, une position, et s’il n’avait été si farouche, il aurait pu en faire une revendication. La lâcheté renvoie à sa position de fond, que certains qualifient de nihiliste mais qui est certainement plus complexe. Certains également l’ont situé comme préfigurant l’homme contemporain, celui qui, dépouillé de ses…

LE CAS

Au sujet de l’autisme : Odile ou le silence et l’absence comme offre Isabelle Rebreyend 

Odile est une petite fille que j’ai accepté d’accueillir alors qu’elle avait 5 ans. J’ai engagé ma responsabilité en tant qu’« assistante maternelle thérapeutique » dans le cadre de la « famille d’accueil thérapeutique » pour lequel j’avais un agrément pour trois enfants à domicile, de jour comme de nuit. À 10 ans, ayant dépassé l’âge pour l’hôpital de jour dont dépendait le placement, Odile a été…

Le corps, un élément tiers séparateur ? Gabrielle Devallet-Gimpel

La question de départ de ce travail est de savoir comment le vécu corporel accompagne ou signale un changement subjectif en cours ou en fin d’une cure psychanalytique. Nous questionnerons plus particulièrement deux phénomènes corporels à partir d’un récit clinique de fin de cure : une sensation étrange d’avoir un avant-bras « mort », interprétée comme une manifestation du réel, et une inflammation…

EN QUESTION(S)

« Je t’aime…moi non plus » Michel Plon

À un journaliste qui l’interrogeait sur ce qu’il en était de son rapport à Picasso, Salvador Dali répondit : « Picasso est espagnol, moi aussi ! Picasso est un génie, moi aussi ! Picasso est communiste, moi non plus ! » Le chanteur compositeur Serge Gainsbourg, dont on fête en ce moment le vingtième anniversaire de la mort, reprit cette réponse déconcertante pour en faire le titre d’une chanson, Je…

LA STRUCTURE

Le père et ses noms (6ème partie)

Le séminaire L’angoisse, que Lacan termine en juillet 1963, a mis en évidence l’irréductibilité de l’objet a et livré ce fil directeur d’un trou dans le symbolique. La fin de l’année 1963 est une période de crise ou plutôt d’une résolution de crise. La directive de Stockholm exclut Lacan de la liste des didacticiens et, après quelques péripéties, le 19 novembre 1963, la Société française de psychanalyse…

REBOND

Sur la fonction du beau Isabelle Morin

« Avons-nous passé la ligne ? Il ne s’agit pas de ce que nous faisons ici, mais de ce qui se passe dans le monde où nous vivons. Ce n’est pas une raison parce que ce qui s’y profère fait un bruit assez vulgaire pour que nous ne l’entendions pas. »J. Lacan. Déjà en 1960 Lacan avait trouvé crucial de consacrer un séminaire à ce que pourrait être une éthique qui tiendrait compte des paradoxes du désir….

EXTÉRIEURS

7 000 degrés sur la place de la Paix à Hiroshima Luisa Futoransky

J’ai habité brièvement dans les couloirs de l’infamie, je me suis arrêtée devant les entailles minutieuses du témoignage qui, face au chiffre absolu de l’horreur, a dû trouver de nouveaux mots pour nommer ce qui est arrivé : explosion atomique, radiation nucléaire, chéloïdes, pluies noires. J’ai parlé, regardé, et cru comprendre le récit prolixe de quelques survivants, et j’ai laissé libre cours à…


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